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Le prince passa une main sur son front, essuya quelques gouttes de sueur qui venaient d’y perler, et avala le morceau qu’il avait mordu.

Cette sueur était sans doute le symptôme d’une indisposition subite ; car, tandis que Diane mangeait l’autre moitié de la pêche, le prince laissa retomber ce qui restait de la sienne sur son assiette, et, se soulevant avec effort, il sembla inviter sa belle convive à prendre avec lui l’air dans le jardin. Diane se leva, et, sans prononcer une parole, prit le bras que lui offrait le duc. Remy les suivit des yeux, surtout le prince, que l’air ranima tout à fait.

Tout en marchant, Diane essuyait la petite lame de son couteau à un mouchoir brodé d’or, et le remettait dans sa gaine de chagrin.

Ils arrivèrent ainsi tout près du buisson où se cachait Henri. Le prince serrait amoureusement sur son cœur le bras de la jeune femme.

— Je me sens mieux, dit-il, et pourtant je ne sais quelle pesanteur assiège mon cerveau ; j’aime trop, je le vois, Madame.

Diane arracha quelques fleurs à un jasmin, une branche à une clématite et deux belles roses qui tapissaient tout un côté du socle de la statue, derrière laquelle Henri se rapetissait effrayé.

— Que faites-vous, Madame ? demanda le prince.

— On m’a toujours assuré. Monseigneur, dit-elle, que le parfum des fleurs était le meilleur remède aux étourdissements. Je cueille un bouquet dans l’espoir que, donné par moi, ce bouquet aura l’influence magique que je lui souhaite.

Mais, tout en réunissant les fleurs du bouquet, elle laissa tomber une rose, que le prince s’empressa de ramasser galamment.

Le mouvement de François fut rapide, mais point si rapide cependant qu’il ne donnât le temps à Diane de laisser