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XXIII

DOUTE.


Henri descendit, et en traversant les antichambres il trouva bon nombre d’officiers de sa connaissance qui accoururent à lui, et qui avec force amitiés lui offrirent de le conduire à l’appartement de son frère, situé à l’un des angles du château.

C’était la bibliothèque que le duc avait donnée pour habitation à Joyeuse, durant son séjour à Château-Thierry.

Deux salons, meublés au temps de François Ier, communiquaient l’un avec l’autre et aboutissaient à la bibliothèque ; cette dernière pièce donnait sur les jardins.

C’est dans la bibliothèque qu’avait fait dresser son lit Joyeuse, esprit paresseux et cultivé à la fois : en étendant le bras il touchait à la science, en ouvrant les fenêtres il savourait la nature : les organisations supérieures ont besoin de jouissances plus complètes, et la brise du matin, le chant des oiseaux ou le parfum des fleurs ajoutaient un nouveau charme aux triolets de Clément Marot ou aux odes de Ronsard.

Henri décida qu’il garderait toutes choses comme elles étaient, non pas qu’il fût mû par le sybaritisme poétique de son frère, mais au contraire par insouciance, et parce qu’il lui était indifférent d’être là ou ailleurs.