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— Sire, je vais donc annoncer à Monseigneur cette bonne nouvelle ?

— Non pas ! me quitter si tôt, monsieur l’amiral, non pas ! Je comprends qu’un Joyeuse soit aimé de mon frère et désiré, mais nous en avons deux… Dieu merci !.. Du Bouchage, vous partirez pour Château-Thierry, s’il vous plaît.

— Sire, demanda Henri, me sera-t-il permis, après avoir annoncé l’arrivée de Sa Majesté à monseigneur le duc d’Anjou, de revenir à Paris ?

— Vous ferez comme il vous plaira, du Bouchage, dit le roi.

Henri salua et se dirigea vers la porte. Heureusement Joyeuse le guettait.

— Vous permettez, sire, que je dise un mot à mon frère ? demanda-t-il.

— Dites. Mais qu’y a-t-il ? fit le roi plus bas.

— Il y a qu’il veut brûler le pavé pour faire la commission, et le brûler pour revenir, ce qui contrarie mes projets, sire, et ceux de M. le cardinal.

— Va donc, va, et lance-moi cet enragé amoureux.

Anne courut après son frère et le rejoignit dans les antichambres.

— Eh bien ! dit Joyeuse, vous partez avec beaucoup d’empressement, Henri ?

— Mais oui, mon frère.

— Parce que vous voulez bien vite revenir ?

— C’est vrai.

— Vous ne comptez donc séjourner que quelque temps à Château-Thierry ?

— Le moins possible.

— Pourquoi cela ?

— Où l’on s’amuse, mon frère, là n’est point ma place.

— C’est justement, au contraire, Henri, parce que monseigneur le duc d’Anjou doit donner des fêtes à la cour, que vous devriez rester à Château-Thierry.