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désormais à sa discrétion, tout ce qu’il venait de raconter lui-même ; mais, cette fois, avec des détails qu’il ne pouvait savoir.

— Vois-tu, dit Chicot quand il eut fini, quel pauvre maître d’escrime tu avais dans frère Borromée !

— Monsieur Briquet, fit le petit Jacques, il ne faut pas dire de mal des morts.

— Non, mais avoue une chose.

— Laquelle ?

— C’est que Borromée tirait moins bien que celui qui l’a tué.

— C’est vrai.

— Et maintenant, voilà tout ce que j’avais à te dire. Bonsoir, mon petit Jacques, à bientôt, et, si tu veux…

— Quoi, monsieur Briquet ?

— Eh bien, c’est moi qui te donnerai des leçons d’escrime à l’avenir.

— Oh ! bien volontiers.

— Maintenant, en route, petit, car on t’attend avec impatience au prieuré.

— C’est vrai ; merci, monsieur Briquet, de m’en avoir fait souvenir.

Et le moinillon disparut en courant.

Ce n’était pas sans raison que Chicot avait congédié son interlocuteur. Il en avait tiré tout ce qu’il voulait savoir, et, d’un autre côté, il lui restait encore quelque chose à apprendre.

Il rejoignit donc à grands pas sa maison. La litière, les porteurs et le cheval étaient toujours à la porte du Fier Chevalier. Il regagna sans bruit sa gouttière.

La maison située en face de la sienne était toujours éclairée.

Dès lors, il n’eut plus de regards que pour cette maison.

Il vit d’abord, par la fente d’un rideau, passer et repasser Ernauton, qui paraissait attendre avec impatience.