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de la lettre du duc de Guise : « J’approuve entièrement votre plan à l’égard des quarante-cinq, » abandonna donc cette phrase dont il se promit de reprendre plus tard l’examen, pour, couler à fond, séance tenante, la préoccupation nouvelle qui venait de prendre la place de l’ancienne préoccupation.

Chicot réfléchit qu’il était on ne peut plus étrange de voir Ernauton s’installer en maître dans cette maison mystérieuse dont les habitants avaient ainsi disparu tout à coup.

D’autant plus qu’à ces habitants primitifs pouvait bien se rattacher pour Chicot une phrase de la lettre du duc de Guise relative au duc d’Anjou.

C’était là un hasard digne de remarque, et Chicot avait pour habitude de croire aux hasards providentiels.

Il développait même à cet égard, lorsqu’on l’en sollicitait, des théories fort ingénieuses.

La base de ces théories était une idée qui, à notre avis, en valait bien une autre.

Cette idée, la voici.

Le hasard est la réserve de Dieu.

Le Tout-Puissant ne fait donner sa réserve qu’en des circonstances graves, surtout depuis qu’il a vu les hommes assez sagaces pour étudier et prévoir les chances d’après la nature et les éléments régulièrement organisés.

Or, Dieu aime ou doit aimer à déjouer les combinaisons de ces orgueilleux, dont il a déjà puni l’orgueil passé en les noyant, et dont il doit punir l’orgueil à venir en les brûlant.

Dieu donc, disons-nous, ou plutôt disait Chicot, Dieu aime à déjouer les combinaisons de ces orgueilleux avec les éléments qui leur sont inconnus, et dont ils ne peuvent prévoir l’intervention.

Cette théorie, comme on le voit, renferme de spécieux arguments, et peut fournir de brillantes thèses ; mais sans