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— Oui, ce damné Béarnais ne s’est-il pas avisé de croir que tu n’avais d’autre but, en le brouillant avec sa femme que de ne pas payer à ta sœur la dot que tu lui dois !

— Ouais !

— Mon Dieu, oui, voilà ce que ce Béarnais du diable s’est logé dans l’esprit.

— Continue, Chicot, continue, dit le roi devenu sombre ; après ?

— Eh bien ! à peine eut-il deviné cela, qu’il devint ce que tu es en ce moment, triste et mélancolique.

— Après, Chicot, après ?

— Alors, cela l’a distrait de sa distraction, et il n’a presque plus aimé Fosseuse.

— Bah !

— C’est comme je te le dis ; alors il a été pris de cet autre amour dont je te parlais.

— Mais c’est donc un Persan que cet homme, c’est donc un païen, un Turc ? il pratique donc la polygamie ? Et qu’a dit Margot ?

— Cette fois, mon fils, cela va t’étonner, mais Margot a été ravie.

— Du désastre de Fosseuse, je conçois cela.

— Non pas, non pas, enchantée pour son propre compte.

— Elle prend donc goût à l’état de sage-femme ?

— Ah ! cette fois elle ne sera pas sage-femme.

— Que sera-t-elle donc ?

— Elle sera marraine, son mari le lui a promis, et les dragées sont même répandues à l’heure qu’il est.

— Dans tous les cas, ce n’est point avec son apanage qu’il les a achetées.

— Tu crois cela, mon roi ?

— Sans doute, puisque je lui refuse cet apanage. Mais quel est le nom de la nouvelle maîtresse ?