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XII

SÉDUCTION.


Les préparatifs du départ des gendarmes avaient jeté la confusion dans le bourg ; leur départ fit succéder le plus profond silence au bruit des armes et des voix.

Remy laissa ce bruit s’éteindre peu à peu et se perdre tout à fait ; puis, lorsqu’il crut la maison complètement déserte, il descendit dans la salle basse pour s’occuper de son départ et de celui de Diane.

Mais, en poussant la porte de cette salle, il fut bien surpris de voir un homme assis près du feu, le visage tourné de son côté. Cet homme guettait évidemment la sortie de Remy, quoique en l’apercevant il eût pris l’air de la plus profonde insouciance.

Remy s’approcha, selon son habitude, avec une démarche lente et brisée, en découvrant son front chauve et pareil à celui d’un vieillard accablé d’années.

Celui vers lequel il s’approchait avait la lumière derrière lui, de sorte que Remy ne put distinguer ses traits.

— Pardon, Monsieur, dit-il, je me croyais seul ou presque seul ici.

— Moi aussi, répondit l’interlocuteur ; mais je vois avec plaisir que j’aurai des compagnons.

— Oh ! de bien tristes compagnons, Monsieur, se hâta de dire Remy, car, excepté un jeune homme malade que je ramène en France…

— Ah ! fit tout à coup Aurilly en affectant toute la bonho-