Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 3.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Bonsoir, Monsieur, dit-elle avec un sourire que son visage avait désappris.

— Oh ! pardonnez-moi, Madame, se hâta de dire le comte, je ne viens point vous importuner, je viens vous faire mes adieux.

— Vos adieux ! vous partez, monsieur le comte ?

— Pour la France, oui, Madame.

— Et vous nous laissez ?

— J’y suis forcé, Madame, mon premier devoir étant d’obéir au prince.

— Au prince ! il y a un prince ici ? dit Remy.

— Quel prince ? demanda Diane en pâlissant.

— M. le duc d’Anjou, que l’on croyait mort et qui est miraculeusement sauvé, nous a rejoints.

Diane poussa un cri terrible, et Remy devint si pâle qu’il semblait avoir été frappé d’une mort subite.

— Répétez-moi, balbutia Diane, que M. le duc d’Anjou est vivant, que M. le duc d’Anjou est ici.

— S’il n’y était point, Madame, et s’il ne me commandait de le suivre, je vous eusse accompagnée jusqu’au couvent dans lequel, m’avez-vous dit, vous comptez vous retirer.

— Oui, oui, dit Remy, le couvent, Madame, le couvent.

Et il appuya un doigt sur ses lèvres. Un signe de tête de Diane lui apprit qu’elle avait compris ce signe.

— Je vous eusse accompagnée d’autant plus volontiers, Madame, continua Henri, que vous pourrez être inquiétée par les gens du prince.

— Comment cela ?

— Oui, tout me porte à croire qu’il sait qu’une femme habite cette maison, et il pense sans doute que cette femme est une amie à moi.

— Et d’où vous vient cette croyance ?

— Notre jeune enseigne l’a vu dresser une échelle contre la muraille et regarder par cette fenêtre.

— Oh ! s’écria Diane, mon Dieu ! mon Dieu !