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Aurilly se leva, et, léger comme un oiseau, il se dirigea vers la chambre voisine, où se trouvait le pied de l’escalier.

Aurilly était léger comme un oiseau, aussi à peine entendit-on un léger craquement au moment où il mit le pied sur les premières marches ; mais aucun bruit ne décela sa tentative.

Au bout de cinq minutes, il revint près de son maître, qui s’était installé, ainsi qu’il avait dit, dans la grande salle.

— Eh bien ? demanda celui-ci.

— Eh bien, Monseigneur, si j’en crois les apparences, la maison doit être diablement pittoresque.

— Pourquoi cela ?

— Peste ! Monseigneur, parce qu’on n’y entre pas comme on veut.

— Que dis-tu ?

— Je dis qu’un dragon la garde.

— Quelle est cette sotte plaisanterie, mon maître ?

— Eh ! Monseigneur, ce n’est malheureusement pas une sotte plaisanterie, c’est une triste vérité. Le trésor est au premier, dans une chambre derrière une porte sous laquelle on voit luire de la lumière.

— Bien, après ?

— Monseigneur veut dire avant.

— Aurilly !

— Eh bien ! avant cette porte, Monseigneur, on trouve un homme couché sur le seuil dans un grand manteau gris.

— Oh ! oh ! M. du Bouchage se permet de mettre un gendarme à la porte de sa maîtresse ?

— Ce n’est point un gendarme, Monseigneur, c’est quelque valet de la dame ou du comte lui-même.

— Et quelle espèce de valet ?

— Monseigneur, impossible de voir sa figure, mais ce que l’on voit, et parfaitement, c’est un large couteau flamand passé à sa ceinture, et sur lequel il appuie une vigoureuse main.