de voix confuses, de murmures vagues et de glapissements, comme si des corybantes eussent célébré dans un antre les mystères de la bonne déesse.
C’était probablement ce bruit qui attirait à lui un jeune homme au toquet violet, à la plume rouge et au manteau gris, beau cavalier qui s’arrêtait des minutes entières devant ce vacarme, puis revenait lentement, pensif et la tête baissée, vers la maison de maître Robert Briquet.
Or, cette symphonie d’airain choqué, c’était le bruit des casseroles ; ces murmures vagues, ceux des marmites bouillant sur les brasiers, et des broches tournant aux pattes des chiens ; ces cris, ceux de maître Fournichon, hôte du Fier Chevalier, occupé du soin de ses fourneaux, et ces glapissements, ceux de dame Fournichon qui faisait préparer les boudoirs des tourelles.
Quand le jeune homme au toquet violet avait bien regardé le feu, bien respiré le parfum des volailles, bien interrogé les rideaux des fenêtres, il revenait sur ses pas, puis recommençait à examiner encore.
Il y avait cependant, si indépendante que parût sa marche au premier abord, une limite que le promeneur ne franchissait jamais : c’était l’espèce de ruisseau qui coupait la rue devant la maison de Robert Briquet, et aboutissait à la maison mystérieuse.
Mais aussi, il faut le dire, chaque fois que le promeneur arrivait sur cette limite, il y trouvait, comme une sentinelle vigilante, un autre jeune homme du même âge à peu près que lui, au toquet noir, à la plume blanche, au manteau violet, qui, le front plissé, l’œil fixe, la main sur l’épée, semblait dire, semblable au géant Adamastor :
— Tu n’iras pas plus loin sans trouver la tempête.
Le promeneur au plumet rouge, c’est-à-dire le premier que nous avons introduit sur la scène, fit vingt tours à peu près sans rien remarquer de tout cela, tant il était préoccupé. Certainement, il n’était pas sans avoir vu un homme