Chirac lâcha la main de Fosseuse.
— Et moi, dit-il, je sais à présent quel est votre mal.
— Vous savez ? murmura Fosseuse en tremblant.
— Oui, nous savons que vous devez beaucoup souffrir, ajouta Marguerite.
Fosseuse continuait à s’épouvanter d’être ainsi à la merci de deux impassibilités, celle de la science, celle de la jalousie.
Marguerite fit un signe à Chirac, qui sortit de la chambre. Alors la peur de Fosseuse devint un tremblement ; elle faillit s’évanouir.
— Mademoiselle, dit Marguerite, quoique depuis quelque temps vous agissiez envers moi comme envers une étrangère, et qu’on m’avertisse chaque jour des mauvais offices que vous me rendez près de mon mari…
— Moi, Madame ?
— Ne m’interrompez point, je vous prie. Quoique enfin vous ayez aspiré à un bien trop au-dessus de vos ambitions, l’amitié que je vous portais et celle que j’ai vouée aux personnes d’honneur à qui vous appartenez, me pousse à vous secourir dans le malheur où l’on vous voit en ce moment.
— Madame, je vous jure…
— Ne niez pas, j’ai déjà trop de chagrins ; ne ruinez pas d’honneur, vous d’abord, et moi ensuite, moi qui ai presque autant d’intérêt que vous à votre honneur, puisque vous m’appartenez. Mademoiselle, dites-moi tout, et en ceci je vous servirai comme une mère.
— Oh ! Madame ! Madame ! croyez-vous donc à ce qu’on dit ?
— Prenez garde de m’interrompre, Mademoiselle, car, à ce qu’il me semble, le temps presse. Je voulais dire qu’en ce moment M. Chirac, qui sait votre maladie, vous vous rappelez les paroles qu’il a dites à l’instant même, qu’en ce moment, M. Chirac est dans les antichambres où il annonce à tous que la maladie contagieuse dont on parle dans le pays