Puis il pâlit et s’écria :
— Oh ! le misérable !… oh ! le méchant homme !
— Qu’y a-t-il, mon fils ? demanda Catherine.
— Il y a qu’il se rétracte, ma mère ; il y a qu’il prétend n’avoir jamais rien avoué.
— Et ensuite ?
— Ensuite, il déclare innocents et étrangers à tous complots MM. de Guise.
— Au fait, balbutia Catherine, si c’est vrai ?
— Il ment ! s’écria le roi ; il ment comme un païen !
— Qu’en savez-vous, mon fils ? MM. de Guise sont peut-être calomniés… Les juges ont peut-être dans leur trop grand zèle interprété faussement les dépositions.
— Eh ! Madame ! s’écria Henri ne pouvant se maîtriser plus longtemps, j’ai tout entendu.
— Vous, mon fils ?
— Oui, moi.
— Et quand cela, s’il vous plaît ?
— Quand le coupable a subi la gêne… j’étais derrière un rideau ; je n’ai pas perdu une seule de ses paroles, et chacune de ses paroles m’entrait dans la tête comme un clou sous le marteau.
— Eh bien ! faites-le parler avec la torture, puisque la torture il lui faut ; ordonnez que les chevaux tirent.
Henri, emporté par la colère, leva la main.
Le lieutenant Tanchon répéta ce signe.
Déjà les cordes avaient été rattachées aux quatre membres du patient : quatre hommes sautèrent sur les quatre chevaux : quatre coups de fouet retentirent, et les quatre chevaux s’élancèrent dans des directions opposées.
Un horrible craquement et un horrible cri jaillirent à la fois du plancher de l’échafaud. On vit les membres du malheureux Salcède bleuir, s’allonger et s’injecter de sang ; sa face n’était plus celle d’une créature humaine, c’était le masque d’un démon.