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tière disparut sous le porche de l’hôtel ; Mayneville suivit la litière, et la porte se referma.

Un instant après, Mayneville parut sur le balcon, remercia au nom du duc les Parisiens, et, comme il se faisait tard, il les invita à rentrer chez eux, afin que la malveillance ne pût tirer aucun parti de leur rassemblement.

Tout le monde s’éloigna sur cette invitation, à l’exception de dix hommes qui étaient entrés à la suite du duc.

Ernauton s’éloigna comme les autres, ou plutôt, tandis que les autres s’éloignaient, fit semblant de s’éloigner.

Les dix élus qui étaient restés, à l’exclusion de tous autres, étaient les députés de la Ligue, envoyés à M. de Mayenne pour le remercier d’être venu, mais en même temps pour le conjurer de décider son frère à venir.

En effet, ces dignes bourgeois que nous avons déjà entrevus pendant la soirée aux cuirasses, ces dignes bourgeois, qui ne manquaient pas d’imagination, avaient combiné, dans leurs réunions préparatoires, une foule de plans auxquels il ne manquait que la sanction et l’appui d’un chef sur lequel on pût compter.

Bussy-Leclerc venait annoncer qu’il avait exercé trois couvents au maniement des armes, et enrégimenté cinq cents bourgeois, c’est-à-dire mis en disponibilité un effectif de mille hommes.

Lachapelle-Marteau avait pratiqué les magistrats, les clercs et tout le peuple du palais. Il pouvait offrir à la fois le conseil et l’action : représenter le conseil par deux cents robes noires, l’action par deux cents hoquetons.

Brigard avait les marchands de la rue des Lombards, des piliers des halles et de la rue Saint-Denis.

Crucé partageait les procureurs avec Lachapelle-Marteau, et disposait, de plus, de l’Université de Paris.

Delbar offrait tous les mariniers et les gens du port, dangereuse espèce, formant un contingent de cinq cents hommes.