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— Qui a rapport à la politique, je le présume ?

— Et moi aussi.

— Comment ! vous ne savez pas de quelle mission vous êtes chargé ?

— Je sais que je porte une lettre, voilà tout.

— Un secret d’État, sans doute ?

— Je le crois.

— Et vous ne vous doutez pas ?…

— Nous sommes assez seuls pour que je vous dise ce que je pense, n’est-ce pas ?

— Dites ; je suis un tombeau pour les secrets.

— Eh bien, le roi s’est enfin décidé à secourir le duc d’Anjou.

— En vérité ?

— Oui ; M. de Joyeuse a dû partir cette nuit pour cela.

— Mais vous, mon ami ?

— Moi, je vais du côté de l’Espagne.

— Et comment voyagez-vous ?

— Dame ! comme nous faisions autrefois, à pied, à cheval, en chariot, selon que cela se trouvera.

— Jacques vous sera d’une bonne compagnie pour le voyage, et vous avez bien fait de le demander, il comprend le latin, le petit drôle !

— J’avoue, quant à moi, qu’il me plaît fort.

— Cela suffirait pour que je vous le donnasse, mon ami ; mais je crois, en outre, qu’il vous serait un rude second, en cas de rencontre.

— Merci, cher ami ; maintenant je n’ai plus, je crois, qu’à vous faire mes adieux.

— Adieu !

— Que faites-vous ?

— Je m’apprête à vous donner ma bénédiction.

— Bah ! entre nous, dit Chicot, inutile.

— Vous avez raison, répliqua Gorenflot, c’est bon pour des étrangers.