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LES FRÈRES CORSES

mis mon domestique lorsque je suis rentré. Je lui ai fait répéter vingt fois votre signalement, afin de m’assurer qu’il était d’accord avec vos portraits ; enfin, ce matin, dans ma double impatience de vous remercier et d’avoir des nouvelles de ma famille, je me suis présenté chez vous sans trop consulter l’heure ; ce qui me fait craindre d’avoir été peut-être bien matinal.

— Pardon, lui répondis-je, si je ne réponds pas d’abord à votre gracieux compliment ; mais, je vous l’avoue, monsieur, je vous regarde et je me demande si c’est à M. Louis ou à M. Lucien de Franchi que j’ai l’honneur de parler.

— Oui, n’est-ce pas ? la ressemblance est grande, ajouta-t-il en souriant, et, lorsque j’étais encore à Sullacaro, il n’y avait guère que mon frère et moi qui pussions ne pas nous y tromper ; cependant, s’il n’a pas, depuis mon départ, fait abjuration de ses habitudes corses, vous avez dû le voir constamment dans un costume qui met entre nous quelque différence.

— Et justement, repris-je, le hasard a fait que, lorsque je l’ai quitté, il était, moins le pantalon blanc, qui n’est pas encore de mise à Paris, vêtu exactement comme vous l’êtes : il en résulte que je n’ai pas même, pour séparer votre présence de son souvenir, cette différence de costume dont vous me parlez. Mais, continuai-je en tirant la lettre de mon portefeuille, je comprends que vous avez hâte d’avoir des nouvelles de