Page:Dumas - Les Frères Corses, 1881.djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
LES FRÈRES CORSES

les hommes, et de donner des attaques de nerfs aux femmes.

Et, à ces mots, il se leva, et, me souhaitant le bonsoir, se retira dans sa chambre.

Quoique fatigué, j’eus quelque peine à m’endormir ; encore mon sommeil, une fois venu, fut-il agité.

Je revoyais confusément, dans mon rêve, tous les personnages avec lesquels j’avais été mis en relation pendant cette journée, mais formant entre eux une action confuse et sans suite. Au jour seulement, je m’endormis d’un sommeil réel, et ne me réveillai qu’au son de la cloche qui semblait battre à mes oreilles.

Je tirai ma sonnette, car mon sensuel prédécesseur avait poussé le luxe jusqu’à avoir à la portée de sa main le cordon d’une sonnette, la seule sans doute qui existât dans tout le village.

Aussitôt Griffo parut, de l’eau chaude à la main.

Je vis que M. Louis de Franchi avait assez bien dressé cet espèce de valet de chambre.

Lucien avait déjà demandé deux fois si j’étais réveillé, et avait déclaré qu’à neuf heures et demie, si je ne remuais pas, il entrerait dans ma chambre.

Il était neuf heures vingt-cinq minutes, aussi ne tardai-je pas à le voir paraître.

Cette fois, il était vêtu en Français, et même en Français élégant. Il portait une redingote noire, un gilet de fantaisie, et un pantalon blanc ; car, au commencement