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LES FRÈRES CORSES

ditions, n’est plus crédule que moi, et il y a même des choses auxquelles je crois tout particulièrement : c’est aux choses impossibles.

— Ainsi, vous croiriez aux apparitions ?

— Voulez-vous que je vous dise ce qui m’est arrivé à moi-même ?

— Oui, cela m’encouragera.

— Mon père est mort en 1807 ; par conséquent, je n’avais pas encore trois ans et demi ; comme le médecin avait annoncé la fin prochaine du malade, on m’avait transporté chez une vieille cousine qui habitait une maison entre cour et jardin.

« Elle m’avait dressé un lit en face du sien, m’y avait couché à mon heure ordinaire, et, malgré le malheur qui me menaçait et duquel je n’avais d’ailleurs pas la conscience, je m’étais endormi ; tout à coup on frappe trois coups violents à la porte de notre chambre ; je me réveille, je descends de mon lit et je m’achemine vers la porte.

« — Où vas-tu ? me demanda ma cousine.

« Réveillée comme moi par ces trois coups, elle ne pouvait maîtriser une certaine terreur, sachant bien que, puisque la première porte de la rue était fermée, personne ne pouvait frapper à la porte de la chambre où nous étions.

« — Je vais ouvrir à papa, qui vient me dire adieu, répondis-je.