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LES FRÈRES CORSES

Orlandi et nous, regardant alternativement à droite et à gauche. Après cinq minutes d’hésitation, il nous fit l’honneur de nous donner la préférence.

J’avoue que je n’avais pas été sans inquiétude, lorsque j’escaladais la double muraille de roches dont j’ai parlé, sur la manière dont je descendrais ; la descente, on le sait, étant, en général, bien autrement difficile que la montée.

Je vis avec un certain plaisir que Lucien, devinant sans doute ma pensée, prenait un autre chemin que celui par lequel nous étions venus.

Cette route m’offrait encore un autre avantage, c’était celui de la conversation qu’interrompaient naturellement les endroits escarpés.

Or, comme la pente était douce et le chemin facile, je n’eus pas fait cinquante pas, que je me laissai aller à mes interrogations habituelles.

— Ainsi, dis-je, la paix est faite ?

— Oui, et, comme vous avez pu voir, ce n’est pas sans peine. Enfin, je lui ai fait comprendre que toutes les avances étaient faites par les Colona. D’abord, ils avaient eu cinq hommes tués, tandis que les Orlandi n’en avaient eu que quatre. Les Colona avaient consenti hier à la réconciliation, tandis que les Orlandi l’y consentaient qu’aujourd’hui. Enfin, les Colona s’engageaient à rendre publiquement une poule vivante aux Orlandi, concession qui prouvait qu’ils reconnais-