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LES FRÈRES CORSES

Au même instant, sans apercevoir le faisan, nous vîmes un mouvement dans les feuilles du châtaignier  ; le faisan montait de branche en branche, tout en répondant par son coquetage aux avances que lui faisait Orlandi.

Enfin, il parut à la cime de l’arbre parfaitement visible, et se détachant en vigueur sur le blanc mat du ciel.

Orlandi se tut et le faisan demeura immobile.

Au même instant, Lucien abaissa son fusil, et, après avoir ajusté une seconde, lâcha le coup.

Le faisan tomba comme une pelote.

— Va chercher ! dit Lucien à Diamante.

Le chien s’élança dans le maquis, et, cinq minutes après, revint le faisan dans la gueule.

La balle avait traversé le corps de celui-ci.

— Voilà un beau coup, dis-je, et dont je vous fais mon compliment, surtout avec un fusil double.

— Oh ! dit Lucien, il y a moins de mérite à ce que j’ai fait que vous ne le pensez ; un des canons est rayé et porte la balle comme une carabine.

— N’importe ! même avec une carabine le coup mériterait encore une mention honorable.

— Bah ! dit Orlandi, avec une carabine, M. Lucien touche à trois cents pas une pièce de cinq francs.

— Et tirez-vous le pistolet aussi bien que le fusil ?

— Mais, dit Lucien, à peu près ; à vingt-cinq pas, je