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LES FRÈRES CORSES

— De ce que vous disiez ?

— Non, mais de ce que disait un faisan dans les environs d’ici.

— En effet, il me semble que j’ai entendu coqueter ; mais j’ai cru que je me trompais.

— Vous ne vous trompiez pas : il y a un coq branché dans le grand châtaignier que vous savez, monsieur Lucien, à cent pas d’ici. Je l’ai entendu tout à l’heure en passant.

— Eh bien, mais, dit gaiement Lucien, il faut le manger demain.

— Il serait déjà à bas, dit Orlandi, si je n’avais pas craint qu’on ne crût au village que je tirais sur autre chose qu’un faisan.

— J’ai prévenu, dit Lucien. À propos, ajouta-t-il en se retournant vers moi et en rejetant sur son épaule son fusil qu’il venait d’armer, à vous l’honneur.

— Un instant ! je ne suis pas si sûr que vous de mon coup, moi ; et je tiens beaucoup à manger ma part de votre faisan : ainsi, tirez-le.

— Au fait, dit Lucien, vous n’avez pas comme nous l’habitude de la chasse de nuit, et vous tireriez certainement trop bas ; d’ailleurs, si vous n’avez rien à faire demain dans la journée, vous prendrez votre revanche.