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LES FRÈRES CORSES

son ennemi, mon père tira sa montre ; Il était onze heures ! En voyant tomber son adversaire, ma mère se retourna vers la pendule : Il était onze heures ! Tout avait été fini dans la même minute, il n’existait plus de Giudice, la race était détruite. La famille Franchi, victorieuse, fut désormais tranquille, et, comme elle avait dignement accompli son œuvre pendant cette guerre de quatre siècles, elle ne se mêla plus de rien ; seulement, mon père fit graver la date et l’heure de cet étrange événement sur la crosse de chacune des carabines qui avaient fait le coup, et les accrocha de chaque côté de la pendule, à la même place où vous les avez vues. Sept mois après, ma mère accoucha de deux jumeaux, l’un desquels est votre serviteur, le Corse Lucien, et l’autre le philanthrope Louis, son frère.

En ce moment, sur une des portions de terrain éclairée par la lune, je vis se projeter l’ombre d’un homme et celle d’un chien.

C’était l’ombre du bandit Orlandi et celle de notre ami Diamante.

En même temps, nous entendîmes le timbre de l’horloge de Sullacaro qui sonnait lentement neuf heures.

Maître Orlandi était, à ce qu’il paraît, de l’opinion de Louis XV, qui avait, comme on le sait, pour maxime que l’exactitude est la politesse des rois.

Il était impossible d’être plus exact que ne l’était ce