Page:Dumas - Les Frères Corses, 1881.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
41
LES FRÈRES CORSES

l’habitude de venir à la maison, m’a facilement pris en amitié.

— Mais il me semble, dis-je, que, de ma chambre, ou plutôt de celle de votre frère, j’ai aperçu un autre chien que Diamante ?

— Oui, celui-là, c’est Brusco ; il a les mêmes qualités que celui-ci ; seulement, il me vient d’un Colona qui a été tué par un Orlandi : il en résulte que, lorsque je vais faire visite à un Colona, je prends Brusco, et que, quand, au contraire, j’ai affaire à un Orlandi, je détache Diamante. Si on a le malheur de les lâcher tous les deux en même temps, ils se dévorent. Aussi, continua Lucien en riant de son sourire amer, les hommes peuvent se raccommoder, eux, faire la paix, communier de la même hostie, les chiens ne mangeront jamais dans la même écuelle.

— À la bonne heure, repris-je à mon tour en riant, voilà deux vrais chiens corses ; mais il me semble que Diamante, comme tous les cœurs modestes, se dérobe à nos louanges ; depuis que la conversation roule sur lui, nous ne l’avons pas aperçu.

— Oh ! que cela ne vous inquiète pas, dit Lucien. Je sais où il est.

— Et où est-il sans indiscrétion ?

— Il est au Mucchio.

J’allais encore hasarder une question au risque de fatiguer mon interlocuteur, lorsqu’un hurlement se fit en-