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LES FRÈRES CORSES

— Alors vous avez tout arrangé ?

— J’en ai peur !

— Et nous allons voir, ce soir, le chef de l’un des deux partis, sans doute ?

— Justement ; la nuit passée, j’ai été voir l’autre.

— Et est-ce à un Orlandi ou à un Colona que nous allons faire visite ?

— À un Orlandi.

— Le rendez-vous est loin d’ici ?

— Dans les ruines du château de Vicentello d’Istria.

— Ah ! c’est vrai !… on m’a dit que ces ruines étaient dans les environs.

— À une lieue, à peu près.

— Ainsi, en trois quarts d’heure, nous y serons.

— Tout au plus trois quarts d’heure.

— Lucien, dit madame de Franchi, fais attention que tu parles pour toi. À toi, montagnard, il faut trois quarts d’heure à peine ; mais monsieur ne passera point par les chemins où tu passes, toi.

— C’est vrai ; il nous faudra une heure et demie au moins.

— Il n’y a donc pas de temps à perdre, dit madame de Franchi en jetant les yeux sur la pendule.

— Ma mère, dit Lucien, vous permettez que nous vous quittions ?

Elle lui tendit la main, que le jeune homme baisa avec le même respect qu’il avait fait en arrivant.