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LES FRÈRES CORSES

— Oh ! elle est courte.

— Tant pis.

— Nous n’avons pas le temps d’être bavards.

— J’écoute.

— Eh bien, cette femme et ce jeune homme se présentèrent donc à la tour de Sullacaro, demandant à parler à Paoli. Mais, comme Paoli était occupé à écrire, on leur refusa l’entrée, et, comme la femme insistait, les deux sentinelles l’écartèrent. Cependant Paoli, qui avait entendu du bruit, ouvrit la porte, et demanda qui l’avait causé.

« — C’est moi, dit cette femme, car je voulais te parler.

« — Et que venais-tu me dire ?

« — Je venais te dire que j’avais deux fils. J’ai appris hier que le premier avait été tué pour la défense de la patrie, et j’ai fait vingt lieues pour t’amener le second.

— C’est une scène de Sparte que vous me racontez-là.

— Oui, cela y ressemble beaucoup.

— Et quelle était cette femme ?

— C’était mon aïeule. Paoli détacha son épée et la lui donna.

— Tiens, j’aime assez cette façon de faire des excuses à une femme

— Elle était digne de l’un et de l’autre, n’est-ce pas ?

— Et maintenant, ce sabre ?