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LES FRÈRES CORSES

— Il ne l’avait plus, me dit Lucien, puisqu’il l’avait donné à mon aïeul.

— C’est juste.

— Sampietro avait plus de soixante ans lorsqu’il revint exprès de Constantinople à Aix pour donner cette grande leçon au monde, que ce n’est pas aux femmes à se mêler des affaires d’État.

Je m’inclinai en signe d’adhésion et remis le poignard à sa place.

— Et maintenant, dis-je à Lucien, qui s’habillait toujours, voici le poignard de Sampietro à son clou, passons à un autre.

— Vous voyez deux portraits à côté l’un de l’autre ?

— Oui, Paoli et Napoléon.

— Eh bien, près du portrait de Paoli est une épée.

— Parfaitement.

— C’est la sienne.

— L’épée de Paoli ! Et aussi authentique que le poignard de Sampietro ?

— Au moins, car, comme lui, elle a été donnée, non pas à un de mes aïeux, mais à une de mes aïeules.

— À une de vos aïeules ?

— Oui. Peut-être avez-vous entendu parler de cette femme qui, au moment de la guerre de l’indépendance, vint se présenter à la tour de Sullacaro, accompagnée d’un jeune homme.

— Non, dites-moi cette histoire.