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LES FRÈRES CORSES

Il n’y avait pas à se tromper sur les inclinations de celui qui habitait cette chambre : elles étaient aussi belliqueuses que celles de son frère étaient paisibles.

— Tenez, me dit-il en passant dans son cabinet de toilette, vous voilà au milieu de trois siècles : regardez. Moi, je m’habille en montagnard, je vous en ai prévenu ; car, aussitôt le souper, il faut que je sorte.

— Et quelles sont, parmi ces épées, ces arquebuses et ces poignards, les armes historiques dont vous parlez ?

— Il y en a trois ; procédons par ordre. Cherchez au chevet de mon lit un poignard isolé à large coquille, au pommeau formant un cachet.

— J’y suis. Eh bien ?

— C’est la dague de Sampietro.

— Du fameux Sampietro, l’assassin de Vanina ?

— L’assassin ! non, le meurtrier.

— C’est la même chose, il me semble.

— Dans le reste du monde peut-être, pas en Corse.

— Et ce poignard est authentique ?

— Voyez ! il porte les armes de Sampietro ; seulement, la fleur de lis de France n’y est point encore ; vous savez que Sampietro n’a été autorisé à mettre la fleur de lis dans son blason qu’après le siège de Perpignan.

— Non, j’ignorais cette circonstance. Et comment ce poignard est-il passé en votre possession ?

— Oh ! il est dans la famille depuis trois cents ans. Il