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OTHON L’ARCHER

bat de la veille ; mais bientôt ce souvenir revint à son esprit, et avec lui le regret de laisser sans récompense le dévouement du chevalier inconnu. Il consulta le comte Karl sur ce qu’il avait à faire à ce sujet, et le vieux chevalier lui donna le conseil de proclamer que, la main d’Héléna appartenant de droit à son défenseur, le chevalier au cygne d’argent n’avait qu’à se présenter pour recevoir une récompense que rendaient précieuse, même pour un fils de roi, la beauté et la richesse d’Héléna. Le même soir, le comte Karl quitta le château malgré les instances du prince, des affaires de la dernière importance le rappelant, disait-il, auprès de son vieil ami le landgrave de Godesberg.

Othon attendait le chevalier à Kerveinheim : ce fut là qu’il apprit le désespoir du landgrave. Tout avait disparu devant l’idée de son père souffrant et malheureux, tout jusqu’à son amour pour Héléna. Aussi exigea-t-il du comte qu’ils se remissent en route à l’instant même. Mais le comte avait une autre espérance : c’était de ramener à la fois au landgrave son épouse et son fils ; car il espérait qu’un mot du fils obtiendrait de la mère ce que n’avaient pu obtenir les prières de l’époux.

Hombourg ne se trompait pas : trois jours après, il regardait, à travers des larmes de joie, son vieil ami serrant entre ses bras sa femme et son enfant, qu’il avait crus perdus pour toujours.

Cependant le château de Clèves paraissait vide et