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OTHON L’ARCHER

un comte embrassant un archer lui paraissait un spectacle si étrange, qu’il n’y pouvait croire : aussi ouvrit-il sa fenêtre en appelant Karl de toutes ses forces. À cette apparition, le jeune homme n’eut que le temps de faire promettre au vieux chevalier qu’il lui garderait le secret, et s’élança dans le quartier des gardes, tandis que Hombourg se rendait à l’invitation du prince.

Le prince interrogea Hombourg ; mais ce fut Hombourg qui à son tour ne voulut rien dire. Il se contenta de répondre qu’Othon ayant été longtemps au service du landgrave de Godesberg, il l’avait connu là tout enfant et s’était attaché à lui, de sorte que, lorsqu’il l’avait rencontré, il n’avait pas été maître d’un premier mouvement de joie : il convenait, au reste, avec la bonhomie qui lui était habituelle, que ce premier mouvement l’avait entraîné au delà des bornes du décorum. Le prince, qui regrettait sa sévérité envers Othon parce qu’il soupçonnait quelque mystère dans cette bizarre absence, saisit cette occasion de revenir sur ce qu’il avait fait : en conséquence, il appela un serviteur et lui ordonna d’aller dire à son archer qu’il pouvait rester au château, et qu’à la sollicitation du comte Karl de Hombourg, le prince lui pardonnait ; mais le serviteur revint en disant que le jeune homme avait disparu avec Hermann, et que nul n’avait pu lui dire ce qu’ils étaient devenus. Le prince fut quelque temps tellement préoccupé de cette disparition, qu’il en oublia le com-