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OTHON L’ARCHER

avait mises à la disposition du comte de Ravenstein.

La trompette du comte sonna ; le cor du chevalier inconnu y répondit, et le prince Adolphe de Clèves, qui, de son balcon, dominait le combat comme un juge du camp, emporté par les souvenirs de sa jeunesse, cria d’une voix forte :

— Laissez aller !

Au même instant, les deux adversaires s’élancèrent l’un sur l’autre et se joignirent à peu près au milieu de la distance qu’ils avaient choisie. La lance du comte glissa sur le bord de l’écu du chevalier, et alla se briser contre la targe qu’il portait suspendue au cou, tandis que la lance du chevalier atteignit le cimier du casque de son adversaire, brisa les courroies qui l’attachaient sous le menton, et l’enleva du front du comte, qui resta la tête nue et désarmée ; au même moment, quelques gouttes de sang roulant sur son visage indiquèrent que le fer de lance, en même temps qu’il lui arrachait son masque, lui avait effleuré le crâne.

Le chevalier au cygne d’argent s’arrêta pour donner au comte le temps de prendre un autre casque et une autre lance, indiquant par là qu’il ne voulait pas profiter d’un premier avantage et qu’il était prêt à recommencer le combat avec des chances égales.

Le comte comprit cette courtoisie et hésita un instant avant de se décider à en profiter. Cependant, comme son adversaire lui avait donné la preuve, par cette pre-