chevalier au cygne d’argent. Cependant, si pressé qu’il fût, il jeta un coup d’œil sur son ennemi, afin de reconnaître, s’il était possible, par quelque signe héraldique, à quel homme il avait affaire. Le chevalier portait au cimier de son casque, pour toute marque distinctive, une petite couronne d’or dont les fleurons étaient découpés en feuilles de vigne ; ce qui indiquait qu’il était prince ou fils de prince.
Il y eut alors un moment de silence, pendant lequel chacun des deux champions apprêtait ses armes, et qui fut employé par les spectateurs à un examen rapide de chacun d’eux.
Le comte de Ravenstein, âgé de trente à trente-cinq ans, arrivé à toute la puissance de l’âge, carrément posé sur son cheval de guerre, était le type de la force matérielle. On sentait qu’on aurait autant de peine à l’arracher de ses arçons qu’à déraciner un chêne, et qu’il faudrait un rude bûcheron pour mener à bien une pareille besogne.
Le chevalier inconnu, au contraire, autant qu’on en pouvait juger par la grâce de ses mouvements, sortait à peine de l’adolescence ; son armure, si bien fermée qu’elle fût, avait la souplesse d’une peau de serpent : on sentait pour ainsi dire, sous ce fer élastique, circuler un jeune sang : et, vainqueur ou vaincu, on comprenait qu’il devait attaquer ou se défendre par des ressources toutes différentes de celles que la nature