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OTHON L’ARCHER

rayons du jour parurent à l’orient, Héléna, qui avait passé toute la nuit à pleurer et à prier dans la chapelle, était-elle résolue à se sacrifier pour terminer cette querelle.

Elle traversait donc la cour pour aller trouver son père, qui était, lui avait-on dit, dans la salle d’armes, lorsqu’elle apprit qu’à l’appel du matin, Othon avait manqué à son tour, et que l’on croyait que, ainsi qu’Hermann, il avait quitté le château. Cette nouvelle porta le dernier coup à la résistance d’Héléna. Othon abandonnant son père, Othon fuyant lorsque l’aide de tout homme, et surtout d’un homme aussi adroit que lui, était si nécessaire à la défense du château, c’était une de ces choses qui ne s’étaient pas même présentées à son esprit, et qui devaient avoir sur sa détermination une influence rapide et décisive.

Elle trouva son père qui s’armait. Le vieux guerrier en avait appelé à ses souvenirs de jeunesse, et, confiant en Dieu, il espérait que Dieu lui rendrait la force de ses belles années : il était donc décidé à combattre lui-même le comte de Ravenstein.

Héléna comprit, au premier coup d’œil, tout ce qu’une résolution pareille pouvait amener de malheurs. Elle tomba aux genoux de son père, lui disant qu’elle était prête à épouser le comte. Mais, en disant cela, il y avait tant de douleur dans sa voix et tant de larmes dans ses yeux, que le vieux prince vit bien que mieux valait