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OTHON L’ARCHER

léna, de demander à Dieu qu’il fasse pour moi un miracle pareil à celui que, dans sa miséricorde, il voulut bien faire pour la princesse Béatrix.

— Ainsi soit-il, répondit Othon en souriant.


X


Le comte de Ravenstein avait tenu sa promesse. Au lever du soleil, on vit, dans la prairie qui séparait le fleuve du château, flotter sa bannière sur sa tente dressée. À la porte de sa tente était suspendu son écu, au cœur duquel brillaient ses armes, qui étaient de gueules à un lion d’or rampant sur un rocher d’argent ; et, d’heure en heure, un trompette, sortant de la tente et se tournant successivement vers les quatre points de l’horizon, faisait entendre une fanfare de défi.

La journée se passa sans que personne répondît à l’appel du comte de Ravenstein ; car, ainsi que nous l’avons dit, les amis, les alliés ou les parents du prince Adolphe de Clèves en avaient été prévenus trop tard, ou étaient occupés pour leur compte ou pour celui de l’empereur, de sorte que pas un n’était venu. Le vieux guerrier se promenait d’un air soucieux sur les remparts, Héléna priait dans la chapelle de la princesse Béatrix, et Othon offrait de parier qu’il mettrait trois flèches de suite dans le lion rampant du comte de Ra-