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OTHON L’ARCHER

couvercle se tenait soulevé tout seul, et, devant moi debout, était un homme que je reconnus pour Godefroy, quoiqu’il eût un manteau de pourpre sur les épaules, une couronne sur la tête et une auréole autour du front ; il se pencha vers moi, me souffla sur la bouche, et je sentis rentrer dans ma poitrine la vie et le sentiment. Cependant il me semblait encore être attaché au sépulcre par des crampons de fer. Je voulus parler ; mais mes lèvres remuèrent sans proférer aucun son.

« — Réveille-toi, Rodolphe, le seigneur le permet, » dit Godefroy, « et écoute ce que je vais te dire. »

« Je fis alors un effort surhumain dans lequel se réunirent toutes les forces naissantes de ma nouvelle vie, et je prononçai ton nom.

« — C’est d’elle que je viens te parler, » me dit Godefroy.

« — Mais, interrompit Béatrix, Godefroy était mort aussi !

« — Oui, répondit Rodolphe, et voici ce qui était arrivé :

« Godefroy était mort empoisonné et avait demandé, avant de mourir, que son corps reposât près du mien ; ses volontés avaient été suivies, il avait été inhumé dans son costume royal ; seulement, au manteau de pourpre et au diadème. Dieu avait ajouté une auréole. Godefroy me raconta ces choses, qui étaient arrivées depuis ma propre mort à moi, et que, par conséquent, je ne pouvais savoir.