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OTHON L’ARCHER

d’unir Rodolphe à Béatrix, et il avait si souvent et si chaudement parlé d’elle au jeune guerrier, que celui-ci en était devenu amoureux sur le portrait qu’il lui en avait fait, et que si, par hasard, pendant une journée, Godefroy ne parlait pas de Béatrix à Rodolphe, c’était Rodolphe qui en parlait à Godefroy.

On arriva enfin devant Antioche. Après un siége de six mois, la ville fut prise ; mais aux marches sous un soleil ardent, à la soif dans le désert, succéda bientôt un autre fléau non moins terrible : la faim. Il n’y avait pas moyen de rester plus longtemps dans cette ville qu’on avait souhaitée comme un port. Jérusalem était devenue non-seulement un but, mais encore une nécessité. Les croisés sortirent d’Antioche en chantant le psaume : Que le Seigneur se lève et que ses ennemis soient dispersés, et marchèrent sur Jérusalem, qu’ils aperçurent enfin en arrivant sur les hauteurs d’Emmaüs.

Ils étaient quarante mille seulement de neuf cent mille qu’ils étaient partis.

« Le lendemain, le siège commença : trois assauts se succédèrent sans résultat ; le dernier durait depuis trois jours, lorsque, enfin, le vendredi 15 juillet 1099, au jour et à l’heure mêmes où Jésus-Christ fut crucifié, deux hommes atteignirent le haut des remparts. Mais l’un tomba et l’autre resta debout ; celui qui resta debout fut Godefroy de Bouillon, et celui qui tomba, Rodolphe