qu’il lui a mis l’auréole ; c’était la palme qui lui appartenait, car il était martyr et non pas saint.
— Et cependant, reprit Othon, vous le priez comme s’il était assis à la droite de Dieu ; que pouvez-vous espérer de lui ?
— Un miracle comme celui qu’il a fait pour notre aïeule en occasion pareille. Mais, hélas ! le rosaire de la comtesse Béatrix est muet aujourd’hui, et le son de la clochette bénite n’ira pas une seconde fois réveiller Rodolphe en terre sainte.
— Je ne puis vous donner ni crainte ni espoir, répondit Othon, car je ne sais ce que vous voulez dire.
— Ne connaissez-vous point cette tradition de notre famille ? répondit Héléna.
— Je ne connais que ce que j’en vois : ce chevalier, qui traverse le Rhin dans une barque conduite par un cygne, a sans doute délivré la comtesse Béatrix de quelque danger ?
— D’un danger pareil à celui qui nous menace en ce moment, et voilà pourquoi je le prie. Dans un autre temps, je vous raconterai cette histoire, continua Héléna en se levant pour se retirer.
— Et pourquoi pas maintenant ? répondit Othon en faisant un geste respectueux pour arrêter la jeune fille. Le temps et le lieu sont bien choisis pour une légende guerrière et pour une tradition sainte.
— Asseyez-vous donc là, et écoutez, répondit la jeune