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OTHON L’ARCHER

Othon hésita un instant à la suivre dans ce sanctuaire ; mais, pensant que la gravité des circonstances pouvait lui servir d’excuse, il se dirigea enfin du côté où il espérait la trouver, et, soulevant la tapisserie qui pendait devant la porte, il aperçut Héléna agenouillée au pied de l’autel.

Pour la première fois, Othon entrait dans cet oratoire : c’était une retraite obscure et religieuse où le jour ne pénétrait qu’à travers les vitraux coloriés, et où tout disposait l’âme à la prière. Une seule lampe suspendue au-dessus de l’autel brûlait devant un tableau qui représentait toujours cette même tradition d’un chevalier traîné par un cygne ; seulement, ici, la tête du chevalier était entourée d’une auréole brillante, et aux deux colonnes qui encadraient le tableau étaient suspendus, d’un côté, un glaive de croisé dont la poignée et le fourreau étaient d’or, et, de l’autre, un cor d’ivoire incrusté de perles et de rubis ; puis, entre les colonnes et, au-dessus du tableau, comme c’est encore aujourd’hui la coutume en Allemagne, était suspendu un bouclier surmonté d’un casque : c’étaient le même bouclier et le même casque que l’on voyait sur le tableau, et il était facile de les reconnaître ; car, sur la toile comme sur l’acier, on voyait briller le même blason, qui était d’or à une croix de gueules couronnée d’épines sur un mont de sinople. Ce glaive, ce cor, ce casque et ce bouclier étaient donc très-probablement