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OTHON L’ARCHER

et assiégeants firent leurs dispositions, les uns d’attaque et les autres de défense.

Cependant Othon, relevé de son poste et voyant que le danger n’était pas imminent, était descendu des remparts dans le château ; car, en parcourant le quartier réservé aux archers et aux serviteurs du prince, il arrivait parfois qu’il apercevait Héléna dans quelque corridor. Alors la jeune fille, quoiqu’elle ignorât qu’elle eût été vue par le jeune archer le jour où elle ramassait la boucle de cheveux, souriait parfois et rougissait toujours. Puis, sous un prétexte quelconque, elle adressait, mais rarement, la parole à Othon : ces jours-là, c’était fête dans le cœur de l’archer, et, aussitôt qu’elle l’avait quitté, il allait se cacher dans quelque coin retiré et solitaire du château, où il écoutait en souvenir les paroles de la jeune châtelaine, et revoyait, en fermant les yeux, le sourire ou la rougeur qui les avait accompagnées.

Cette fois, ce fut en vain ; il eut beau plonger ses regards à travers toutes les fenêtres, parcourir tous les corridors, il ne la vit ni ne la rencontra. Se doutant alors qu’elle priait dans l’église du château, il y descendit ; l’église était solitaire. Il ne restait plus que la chapelle de la comtesse Béatrix où elle pût être ; mais cette chapelle était la chapelle réservée, et les serviteurs n’y entraient jamais que lorsqu’ils y étaient appelés.