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OTHON L’ARCHER

ridor un léger bruit ; il prêta l’oreille, et reconnut le pas de la jeune fille. Alors, quoique le sacrifice eût été fait pour elle, il eut honte de se montrer à elle le front dépouillé de ses cheveux, et se jeta précipitamment dans un renfoncement devant lequel pendait une tapisserie. Il y était à peine, qu’il vit paraître Héléna ; elle marchait lentement et comme si elle eût cherché quelque chose. En passant devant la porte, ses yeux se portèrent sur le parquet. Alors regardant autour d’elle et voyant qu’elle était seule, elle s’arrêta un instant, écouta ; puis, aussitôt, rassurée par le silence, elle entra doucement, se baissa, toujours écoutant et regardant ; puis, ayant ramassé une boucle des cheveux du jeune archer, elle la cacha dans sa poitrine et se sauva.

Quant à Othon, il était tombé à genoux devant la tapisserie, la bouche ouverte et les mains jointes.

Deux heures après, et au moment où l’on s’y attendait le moins, le comte de Ravenstein commanda à sa suite de se tenir prête à quitter le lendemain avec lui le château de Clèves. Chacun s’étonna de cette résolution subite ; mais, le même soir, le bruit se répandit, parmi les serviteurs du prince, que, pressée par son père de répondre à la demande qui lui avait été faite de sa main, la jeune comtesse avait déclaré qu’elle préférait entrer dans un couvent plutôt que d’être jamais la femme du comte de Ravenstein.