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OTHON L’ARCHER

Othon vit cette larme.

— Tu pars ? reprit une seconde fois le prince, étonné d’attendre si longtemps la réponse d’un de ses serviteurs.

— Non, monseigneur, je reste, dit Othon.

— C’est bien, dit le prince, je suis aise de te voir plus raisonnable.

Et il continua son chemin.

Héléna ne répondit rien ; mais elle regarda Othon avec une telle expression de reconnaissance, que, lorsque le père et la fille furent hors de sa vue, le jeune homme se retourna joyeusement vers le barbier, qui attendait sa réponse.

— Allons, mon maître, lui dit-il, à la besogne.

Et, le poussant dans la première chambre qu’il trouva ouverte sur la galerie, il s’assit et livra sa tête au pauvre frater, qui commença l’opération pour laquelle il avait été mandé, sans rien comprendre à tout ce qui venait de se passer devant lui. Il n’en procéda pas moins avec une telle activité, qu’au bout d’un instant les dalles étaient couvertes de cette charmante chevelure dont les flots blonds et bouclés encadraient, cinq minutes auparavant, avec tant de grâce le visage du jeune homme.

Othon était resté seul, et, quel que fût son dévouement aux moindres ordres d’Héléna, il ne pouvait regarder sans regret les boucles soyeuses avec lesquelles aimait tant à jouer sa mère, lorsqu’il crut entendre au bout du cor-