Page:Dumas - Les Frères Corses, 1881.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.
234
OTHON L’ARCHER

rasse située en face des fenêtres du château. Il remercia le ciel de ce hasard ; à travers les fenêtres ouvertes pour aspirer un rayon du soleil qui venait de percer les nuages, il espérait apercevoir Héléna.

Son attente ne fut pas trompée : Héléna parut bientôt avec son père et le comte de Ravenstein ; ils s’arrêtèrent à regarder le jeune archer ; il sembla même à Othon que les nobles seigneurs daignaient s’occuper de lui. En effet, il était l’objet de leur entretien. Le prince Adolphe de Clèves faisait remarquer au comte de Ravenstein la bonne mine de son nouveau serviteur, et le comte de Ravenstein faisait observer au prince Adolphe de Clèves que son nouveau serviteur, au mépris de toutes les lois divines et humaines, portait les cheveux longs comme un noble, tandis qu’il aurait dû avoir des cheveux courts, comme il convenait à un homme d’obscure condition. Héléna hasarda un mot pour sauver des ciseaux la chevelure blonde et bouclée de son protégé ; mais le prince Adolphe de Clèves, frappé de la justesse de l’observation de son futur gendre, jaloux des prérogatives réservées à la noblesse, répondit que les autres archers auraient droit de se plaindre si on s’écartait en faveur d’Othon d’une règle à laquelle ils étaient soumis.

Othon était loin de se douter de ce qui se tramait à cette heure contre cette parure aristocratique que sa mère aimait tant ; il passait et repassait devant les fe-