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OTHON L’ARCHER

Le sang monta au visage d’Othon si rapidement, qu’il lui passa comme une flamme devant les yeux ; mais il comprit que dire un mot ou faire un signe, c’était se perdre : il resta donc immobile et muet. Héléna le remercia d’un coup d’œil. Il y avait déjà entre ces deux jeunes cœurs, qui venaient de se rencontrer à peine, une intelligence aussi profonde et aussi sympathique que s’ils eussent toujours été frères.

Le cheval du page était resté libre, et le valet le menait en bride. Le prince l’aperçut, et derrière lui Othon, qui venait avec Hermann.

— Othon, lui dit le prince, sais-tu monter à cheval ?

— Oui, monseigneur, répondit en souriant celui-ci.

— Eh bien, prends le cheval du page, il n’est pas juste qu’un triomphateur marche à pied.

Othon salua de la tête, en signe d’obéissance et de remercîment. Puis, s’approchant du coursier, il se mit en selle sans l’aide de l’étrier, avec tant de justesse et de grâce, qu’il était évident que ce nouvel exercice lui était aussi familier que celui dans lequel il venait de donner, il n’y avait qu’un instant, une si grande preuve d’adresse.

La cavalcade continua son chemin vers le château ; arrivé à la porte d’entrée, Othon remarqua l’écusson qui la surmontait, et sur lequel étaient sculptées et peintes les armes de la maison de Clèves, qui étaient d’azur à un cygne d’argent sur une mer de sinople ; il