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OTHON L’ARCHER

c’est un bon camarade que je ne voudrais pas quitter.

— Eh bien, dit le prince, va lui faire, de ma part, la même offre que je t’ai faite, et, s’il accepte, donne-lui cette bourse dont tu n’as pas voulu ; il ne sera peut-être pas si fier que toi, lui.

Othon salua le prince, descendit de l’estrade, et alla offrir à Hermann la proposition et la bourse ; il reçut l’une avec joie et l’autre avec reconnaissance ; puis aussitôt les deux jeunes gens revinrent prendre place à la suite du prince.

Cette fois, il ne donnait plus la main à sa fille ; c’était le comte de Ravenstein qui avait sollicité cet honneur et l’avait obtenu : le noble cortége fit quelques pas à pied pour atteindre la place où étaient les chevaux ; celui de la princesse Héléna était sous la garde d’un simple valet, le page qui devait tenir l’étrier à la princesse étant resté plus longtemps qu’il n’aurait dû le faire parmi la foule des spectateurs, où l’avait conduit la curiosité.

Othon vit son absence, et, oubliant que c’était se trahir, puisqu’un jeune homme noble devait seul remplir la fonction de page ou d’écuyer, il s’élança pour le remplacer.

— Il paraît, mon jeune maitre, lui dit le comte de Ravenstein en l’écartant du bras, que la victoire te fait oublier ton rang. Pour cette fois, nous te pardonnons ton orgueil en faveur de ta bonne volonté.