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OTHON L’ARCHER

joie et de bonheur. Les cheveux d’Héléna avaient presque touché les siens, leurs haleines s’étaient confondues, c’était la première fois qu’il aspirait le souffle d’une femme.

Son justaucorps vert allait si bien à sa taille souple et déliée, ses yeux étaient si brillants de ce premier orgueil qu’éprouve l’homme à son premier triomphe, il était si beau et si fier de son bonheur enfin, que le prince Adolphe de Clèves pensa à l’instant même combien il lui serait avantageux de s’attacher un pareil serviteur. En conséquence, se tournant vers le jeune homme, qui était prêt à redescendre les degrés de l’estrade :

— Un instant, mon jeune maître, lui dit-il, j’espère que nous ne quitterons point comme cela.

— Je suis aux ordres de Votre Seigneurie, répondit le jeune homme.

— Comment vous nommez-vous ?

— Je me nomme Othon, monseigneur.

— Eh bien, Othon, continua le prince, vous me connaissez puisque vous êtes venu à la fête que je donne. Vous savez que mes serviteurs et mes gens me considèrent comme un bon maître. Êtes-vous sans condition ?

— Je suis libre, monseigneur, répondit Othon.

— Eh bien, alors, voulez-vous entrer à mon service ?