Page:Dumas - Les Frères Corses, 1881.djvu/225

Cette page a été validée par deux contributeurs.
213
OTHON L’ARCHER

s’étaient portés tout naturellement vers la place où devait veiller Hermann ; Hermann n’y était plus, et personne n’était debout à sa place ; Othon se leva ; un de ses derniers souvenirs était, au moment où il s’endormait, d’avoir vu vaguement une porte s’ouvrir et une femme apparaître ; il avait pris cela pour le commencement d’un songe, mais l’absence d’Hermann donnait à ce songe une apparence de réalité ; ses yeux se tournèrent aussitôt vers la porte, qu’il se rappelait parfaitement avoir vue fermée pendant que lui-même était en sentinelle, et qu’il revoyait ouverte.

Cependant Hermann, fatigué, pouvait avoir cédé au sommeil. Othon prit une branche de sapin, l’alluma au foyer, alla d’un dormeur à l’autre, et ne reconnut pas celui qu’il cherchait. Alors il réveilla le vieil archer, dont c’était le tour de faire sentinelle ; Othon lui raconta ce qui s’était passé, et le pria de veiller tandis que lui irait à la recherche de son compagnon perdu. Le vieil archer secoua la tête ; puis :

— Il aura vu la châtelaine de Windeck, dit-il ; en ce cas, il est perdu.

Othon pressa le vieillard de s’expliquer ; mais celui-ci n’en voulut pas dire davantage. Cependant ces quelques paroles, au lieu d’éteindre chez Othon le désir de tenter la recherche, lui donnèrent une nouvelle ardeur ; il voyait dans toute cette aventure quelque chose de mystérieux et de surnaturel que son courage s’enor-