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OTHON L’ARCHER

Le lendemain, ils se remirent en route ; la journée se passa sans autre incident, qu’un renfort successif. Les archers venaient de toutes les parties de l’Allemagne à cette fête annuelle, dont le prix était, pour cette fois, une toque de velours vert entourée de deux branches de frêne en or, nouées par une agrafe de diamant. Il devait être donné par la fille unique du margrave lui-même, la jeune princesse Héléna, qui venait d’entrer dans sa quatorzième année. Le concours de tant d’adroits archers n’avait donc rien d’étonnant.

La petite troupe, qui montait maintenant à quarante ou cinquante hommes, voulait arriver à Clèves le lendemain matin, le tir devant commencer aussitôt la dernière messe, c’est-à-dire à onze heures En conséquence, les archers avaient résolu de venir coucher à Kervenheim. La journée était forte, aussi s’arrêta-t-on à peine pour déjeuner et pour dîner. Cependant, quelque diligence que fissent les voyageurs, ils n’atteignirent cette ville qu’après la fermeture des portes. Il s’agissait de passer la nuit dehors, et le moins mal possible, on avisa un château en ruine sur une montagne voisine, c’était le château de Windeck.

Chacun fut d’avis de profiter de cette circonstance favorable, excepté le plus vieux des archers, qui s’y opposa de tout son pouvoir ; mais, comme il était seul de son avis, sa voix n’eut aucune influence, et force lui