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OTHON L’ARCHER

qui avait disparu, les jeunes filles se retirèrent dans l’église et s’agenouillèrent autour du tombeau de leur père, le priant, par le saint amour qu’il leur avait porté pendant sa vie, de les protéger même après sa mort.

La journée et la nuit se passèrent en prières, et elles espéraient déjà être sauvées, lorsqu’au point du jour elles entendirent les barbares s’approcher. Ils commencèrent à frapper avec le pommeau de leurs épées à la porte de chêne qui fermait l’église ; mais, voyant qu’elle résistait, les uns retournèrent au bourg pour y prendre des échelles afin d’escalader les fenêtres ; les autres allèrent couper un sapin qu’ils dépouillèrent de ses branches et dont ils firent un bélier pour enfoncer la porte. Puis, lorsqu’ils se furent procuré les instruments nécessaires à leurs projets sacriléges, ils s’acheminèrent avec eux vers l’église qui servait d’asile aux sept sœurs ; mais, lorsqu’ils arrivèrent près d’elle, il n’y avait plus ni porte ni fenêtres. L’église était bien encore là ; mais elle était devenue un rocher et s’était faite toute de pierre ; seulement, du milieu de cette masse de granit, on entendait sortir un chant bas, triste et doux comme le chant des morts. C’était le cantique d’actions de grâces des sept vierges, qui remerciaient le Seigneur.

Les archers firent leur prière à l’église de roche, puis revinrent coucher à Strump.