Page:Dumas - Les Frères Corses, 1881.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
OTHON L’ARCHER

Il y trouva une trentaine d’archers réunis et faisant grande chère. Il s’assit au milieu d’eux, et, quoiqu’il fût inconnu de tous, tous le reçurent bien, grâce à sa jeunesse et à sa bonne mine. D’ailleurs il avait été au-devant d’un bienveillant accueil en disant tout d’abord qu’il se rendait à Clèves pour la fête de l’arc et désirait faire route avec d’aussi braves et aussi joyeux compagnons. La proposition avait donc été reçue à l’unanimité.

Comme les archers avaient encore trois jours devant eux, et comme le dimanche est un jour saint consacré au repos, ils ne se mirent en route que le lendemain au matin, suivant les rives du fleuve et devisant joyeusement de faits de chasse et de guerre.

Tout en faisant route, les archers remarquèrent qu’Othon n’avait point de plumes à sa toque, ce qui était contre l’uniforme, chacun ayant une plume, dépouille et trophée en même temps de quelque oiseau victime de son adresse, et ils le raillèrent sur son arc neuf et ses flèches neuves. Othon avoua en souriant que ni arc ni flèches n’avaient encore servi, mais qu’à la première occasion, il tâcherait, grâce à eux, de se procurer l’ornement indispensable qui manquait à son chapeau. En conséquence, il banda son arc. Chacun attendit avec curiosité une occasion de juger l’adresse de son nouveau camarade.

Les occasions ne manquaient pas, un corbeau croas-