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OTHON L’ARCHER

comme un insensé dans le corridor où l’attendait son frère d’armes. Karl ! ce n’était pas son amant : c’était son frère !

Et, aussitôt, il donna l’ordre que l’on ramenât à Godesberg Emma et Othon. Les deux messagers partirent, l’un remontant le Rhin, l’autre le descendant.

Pendant la nuit le premier revint. Emma, malheureuse depuis longtemps, offensée de la veille, demandait à finir sa vie dans le monastère où s’était écoulée sa jeunesse, et faisait répondre qu’au besoin elle invoquerait l’inviolabilité du lieu.

Au point du jour, le second messager revint ; il était accompagné des hommes d’armes qui devaient conduire Othon à Kirberg ; mais Othon n’était point parmi eux. Comme ils descendaient nuitamment le Rhin, Othon, qui savait dans quelle intention on l’emmenait, avait choisi le moment où tout l’équipage était occupé à diriger la barque dans un courant rapide, s’était élancé au plus profond du fleuve et avait disparu.


III


Cependant, le malheur du landgrave n’était point encore si grand qu’il le croyait. Othon s’était élancé dans le fleuve, non pas pour y chercher la mort, mais la liberté. Élevé sur ses rives, le vieux Rhin était un