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LES FRÈRES CORSES

Plusieurs maisons paraissaient avoir soutenu des siéges et étaient criblées de balles.

De temps en temps, à travers les meurtrières, nous voyions étinceler un œil curieux qui nous regardait passer ; mais il était impossible de distinguer si cet œil appartenait à un homme ou à une femme.

Nous arrivâmes à la maison que j’avais désignée à mon guide, et qui effectivement était la plus considérable du village.

Seulement, une chose me frappa : c’est que, fortifiée en apparence par les machicoulis que j’avais remarqués, elle ne l’était pas en réalité, c’est-à-dire que les fenêtres n’avaient ni madriers, ni briques, ni archères, mais de simples carreaux de vitre, que protégeaient, la nuit, des volets de bois.

Il est vrai que ces volets conservaient des traces que l’œil d’un observateur ne pouvait méconnaître pour des trous de balle. Mais ces trous étaient anciens, et remontaient visiblement à une dizaine d’années.

À peine mon guide eut-il frappé, que sa porte s’ouvrit, non pas timidement, hésitante, entre-baillée, mais toute grande, et un valet parut…

Quand je dis un valet, je me trompe, j’aurais dû dire un homme.

Ce qui fait le valet, c’est la livrée, et l’individu qui nous ouvrit était tout simplement vêtu d’une veste de velours, d’une culotte de même étoffe et de guêtres de