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OTHON L’ARCHER

— Oui, répondit le prêtre, mais à une seule personne : au landgrave de Godesberg.

— Montez donc sur mon cheval, continua le chevalier en mettant pied à terre, et allons le trouver.

— Que faites-vous, mon frère ? répondit le prêtre, habitué à voyager d’une manière plus humble.

— Montez, montez, mon père, dit en insistant le chevalier, il ne sera pas dit qu’un pauvre pécheur comme moi ira à cheval lorsque l’homme de Dieu marchera à pied.

Et, à ces mots, il l’aida à se mettre en selle et, quelque résistance que pût faire l’humble cavalier, il le conduisit par la bride jusqu’au château de Godesberg. Puis, arrivé là, il remit, contre son habitude, Hans aux mains des valets, amena le prêtre devant le landgrave, qu’il retrouva dans la même chambre, au même endroit et assis dans le même fauteuil, quoique sept heures se fussent écoulées depuis qu’il était sorti du château. Au bruit que firent les arrivants, le landgrave leva son front pâle et les regarda d’un air étonné.

— Tiens, frère, lui dit Karl, voilà un digne serviteur de Dieu qui a une confession in extremis à te révéler.

— Qui donc est mort ? s’écria le comte en devenant plus pâle encore.

— Godefroy, répondit le chevalier.

— Et qui l’a tué ? murmura le landgrave.